S’étouffer dans la poutine

Ça devient épuisant d’encaisser les mêmes discours, année après année, provenant des mêmes fanatiques de Canadiens, qui s’érigent comme les défenseurs d’une charte qui  voudrait établir sa culture sportive comme sacrée et indélogeable.

La culture sainte d’une flanelle débridée

Il fallait lire la colonne des commentaires d’un site de nouvelles montréalais pour ressentir le ressac d’une culture qui refuse de concéder un pouce à celle qui émerge à ses côtés. C’était en réaction aux propos de Saputo, qui exprimait sa déception du peu d’engouement concernant le match d’ouverture locale. On peut être en droit de questionner un constat si hâtif du Président, mais là n’est pas où le bât blesse. C’est plutôt cette «mononclitude», se débattant sans relâche afin de noyer un sport dont la croissance est désormais irrémédiable, qui vient me plonger dans un certain désarroi.

Comment peut-on encore s’attaquer à la légitimité même du foot, à Montréal, en 2016? Parce qu’il y a une mer de différences entre la critique d’une organisation précise et celle d’un sport qui règne en maître partout à l’international. À lire ces « vous devrez me payer pour que je vienne voir du soccer» et ces « parle-moi pas d’un sport de tapettes»; il y a de quoi se demander à quel point sommes-nous, collectivement, rester reclus assez longtemps sur nous-mêmes et sur notre Canadiens national, pour sombrer dans un tel mépris du ballon rond?

Je décèle aussi dans cette réclusion, une certaine méfiance d’accueillir ce qui vient de «l’ailleurs». Et je comprends parfaitement le désintérêt de certains amateurs de hockey envers un sport dont ils ignorent les codes et les rudiments. C’est plutôt dans l’écartement volontaire d’un vecteur culturel qui se veut unificateur, à petite et grande échelle, que je trouve qu’il y a de facto : ignorance et mépris. Où sommes-nous quand la planète entière communie autour de la Coupe du monde et pourquoi vouloir consciemment se retirer de la discussion interculturelle que permet le foot?

Lueur d’espoir pour l’Impact : la jeunesse

Le chemin s’annonce encore long et périlleux pour l’Impact et ses pèlerins. Surtout lorsque l’on constate qu’ils devront forcer la main des grands médias, sans espérer un coup de pouce véritable de leur part. Ils devront ainsi compter sur un facteur bien précis, celui du temps, qui finira par accorder une voix à ces milliers de jeunes joueurs de foot, aujourd’hui supporter, que l’on ignore encore en faveur du public baby-boomer qui monopolise largement  nos médias et ses intérêts.

Le savoir-gérer

La pression commençait à peser de plus en plus lourdement sur la défensive montréalaise. J’ai regardé le cadran: 78 minutes de jouées, 2-1 Impact, j’avais la chienne. De vifs flashback de ses avances gaspillées à l’étranger me sont venus en tête, de ses écroulements répétitifs qui survenaient à maintes reprises au cours des dernières saisons et qui s’étaient pratiquement imposés comme une affreuse coutume.

Puis, j’ai vu l’Impact gérer comme toutes équipes qui aspirent à se maintenir au top du championnat se doit de le faire. Peu de déchets, pas de panique, la grosse relance, le sang froid et pour finir, le dernier coup de poing.

Bien sûr, Bush a sauvé la mise et off course ce n’était pas pleinement jojo dans le dernier tiers défensif, mais Montréal a fait l’aveu d’une formation qui se tient debout et qui ne rougit plus de mener son match ; chose qui diffère de la formation qui pleurait dans les tranchées en attendant que l’officiel siffle sa libération.

Se sentir en juin au mois de mars

Cinquième printemps dans le circuit Garber et celui-ci possède déjà sa saveur bien distincte. Avant même que les premiers «Et le but!» de Douville retentissent de nos téléviseurs, j’ai déjà l’impression d’être plongé au cœur même de la saison; chaude soirée de juin, bière à neuf dollars à la main, Drogba étendu au sol (que ce soit pour célébrer ou pour cause de bobo momentané).

Impression en partie fondée sur le fait que pour la première fois depuis le périple MLS, la couverture médiatique de l’Impact de Montréal ,sous le couvert de la saga Drogba, a débuté en plein hiver et s’est étirée sans se reposer jusqu’à présent.
Force est d’admettre que la saga en question aura étrangement apporté bien plus de visibilité à  l’Impact que sa participation à la CONCACAF 2015. Pour la première fois peut-être, nos médias ont parlé de foot en s’imaginant dans son écosystème, en s’intéressant à son marché, à ses failles bien sûr, mais aussi avec une pointe de fierté à être acteur entier dans la même pièce de théâtre que le Chelsea FC.

Parce qu’affronter Club América en finale relève du fantasme pour le fanatique pur et dur;  l’événement n’a toutefois pas engendré la même résonnance médiatique que le scandale Montréal-Londres, au Québec. Si certains journalistes s’acharnent à parler de «distraction» et à vouloir retirer le pôle accordé à Didier, à mon avis, l’on devrait plutôt fermer le chapitre de cette entre-saison rocambolesque en y apposant le titre : «attraction».